La Dette et le cinéma

En ce début d’été ensoleillé, j’ai adopté un nouveau sport : le surf sur Internet. On y trouve par hasard des perles...(sans trop se mouiller).

D’après le document ci-dessous (s’il ne passe pas vous pouvez le retrouver sur le site de l’INA à l’adresse fresques.ina.fr), je n’ai pas pu établir si les accords Blum-Byrnes ont été signés en janvier ou en mai 1946, mais ce qui est sûr c’est que les Ricains ont marchandé une dette contractée par la France pendant la guerre (si j’ai bien compris) contre l’ouverture libre et non faussée des frontières culturelles cinématographiques en sens unique : c’est-à-dire invasion de films US en france. C’est dangereux d’avoir des dettes, en particulier envers les US. Si j’ai bien suivi, avec les Accords transatlantiques, ils nous refont plus ou moins le même coup, sur tous les plans cette fois... Hollande (in)digne héritier de Blum...

Thorez et les communistes avaient senti, eux, que " la question n’est pas seulement celle du profit réalisé par les Américains et de la ruine et du chômage, de la misère qui frappe les artistes, les musiciens et les travailleurs des studios français. Il faut y voir un aspect de la préparation idéologique, à laquelle les Américains soumettent les peuples qu’ils se proposent d’asservir. (...) ces films ne visent pas à préparer une génération de Français conscients de leurs devoirs envers la France, envers la République, mais un troupeau d’esclaves écrasés par le "Talon de fer"."

La philosophe Simone Weil aussi s’inquiétait en 1943 de l’américanisation de la société française. Elle aurait de quoi se ronger les sangs aujourd’hui !

Bernard Stiegler a révélé l’autre soir au Musée de Grenoble que la stratégie industrielle américaine en matière de cinéma date d’une grande conférence donnée à Washington en ... 1912 ! Il s’agissait de s’interroger sur ce que le cinéma (industrie naissante, à la pointe des nouvelles technologies de l’époque) allait changer dans le monde (industriel, culturel, idéologique) contemporain. Et c’est de là que serait parti l’American Way of Life. Avant même le premier grand film US Naissance d’une nation en 1915 (les grand Charlots commencent vers 1915-1916 aussi je crois...). Il y a donc bien préméditation !

Voici donc une autre pièce à verser au dossier dette, après le livre de François Ruffin et Thomas Morel, Vive la Banqueroute !Comment la France a réglé ses dettes, de Philippe le Bel au général de Gaulle . Ils y expliquent en gros comment les grands rois français se sont trouvés régulièrement confrontés au problème de la dette et l’ont résolu (la meilleure solution, tellement bonne qu’ils l’ont appliquée chaque fois : ne pas la payer, en mettant en prison les créanciers, par exemple...). C’est nous en France qu’on a trouvé cette solution, on va quand même pas accepter que d’autres pays d’Europe ou d’Amérique nous l’appliquent à nous sous couvert d’austérité, sans tenter de l’appliquer d’abord aux banques qui sont devenues nos obligées depuis 2008, quand même !?

Le cinéma : des accords Blum-Byrnes à l’exception culturelle

  • Signature des accords Blum-Byrnes, 1946
  • La signature des accords Blum-Byrnes (1946)

Les accords Blum-Byrnes - qui permettent la libre pénétration du cinéma américain en France en échange d’importants avantages financiers - sont signés à Washington le 1er janvier 1946. La signature est suivie des discours des deux signataires.
01 jan 1946

4m 18s
Fiche (01263) ▶ Voir la vidéo

Le 28 mai 1946, le président du conseil Léon Blum signe avec le secrétaire d’Etat Byrnes des accords qui portent leurs noms. Les Américains liquidaient une dette de 2,8 milliards de dollars contractée pendant la guerre et accordaient un crédit supplémentaire de 500 millions de dollars pour permettre de continuer à acheter des produits américains. En échange, la France s’engageait à ouvrir ses frontières aux produits américains. L’importation de films américains n’était plus contingentée. La seule limite fixée aux distributeurs était l’obligation d’une semaine par mois réservée à la diffusion de films français.

Maurice Thorez et les communistes défenseurs du cinéma français

"Le cinéma français est dans une situation désespérée (...)

"L’Humanité" a publié des chiffres qui disent la ruine de nos industries nationales et le triomphe de ses concurrents américains. Ayant obtenu des visas de censure dans le premier trimestre 1946 : 38 films américains et 46 films français ; dans le deuxième semestre 1946 : 145 films américains et 46 films français, et dans le premier semestre 1947 : 338 films américains et 55 films français. Mais la question n’est pas seulement celle du profit réalisé par les Américains et de la ruine et du chômage, de la misère qui frappe les artistes, les musiciens et les travailleurs des studios français. Il faut y voir un aspect de la préparation idéologique, à laquelle les Américains soumettent les peuples qu’ils se proposent d’asservir. C’est une entreprise de désagrégation de la nation française, une entreprise de démoralisation de nos jeunes gens et de nos jeunes filles avec des films abêtissants où l’érotisme le dispute à la bondieuserie, ou le gangster est roi ; ces films ne visent pas à préparer une génération de Français conscients de leurs devoirs envers la France, envers la République, mais un troupeau d’esclaves écrasés par le "Talon de fer".

Texte de Maurice Thorez cité par De Laurent Marie, "Le cinéma est à nous : le PCF et le cinéma français de la Libération à nos jours", L’Harmattan, 2005, page 69.
L’exception culturelle
L’exception culturelle

Le reportage explique le système des quotas de films et de l’exception culturelle. Une interview de Gérard Oury confirme l’importance des quotas pour faire face à l’invasion de films américains qui déboucherait sur la disparition du cinéma français.
13 oct 1993

1m 9s
Fiche (01295)