Analyse de la "Restructuration de "La Dette Grecque" par le CADTM
Tous les projecteurs sont braqués sur la Grèce, tant il est vrai que s’y joue un épisode majeur de la grave crise qui touche l’Union européenne. Plus de 85% des créanciers privés ont accepté de participer à la restructuration de la dette grecque en effaçant 107 milliards d’euros. Sur le papier, ces créanciers renoncent à 53,5% de leurs créances. Mais contrairement aux apparences, cette opération est surtout une bonne nouvelle pour les banques : si les créanciers vont échanger leurs titres grecs contre de nouveaux d’une valeur (faciale) inférieure, ils troquent des titres qui se bradaient sur le marché secondaire pour des titres bien plus sûrs.
De surcroît, la Troïka octroie un nouveau prêt de 130 milliards à la condition que le montant soit utilisé pour payer la dette et soutenir les banques. En bout de course, les créanciers privés s’en sortent très bien et sont remplacés par des créanciers publics internationaux (BCE, Etats de la zone euro, FMI) qui vont exercer une pression constante sur les autorités grecques afin d’aggraver les mesures antisociales. De plus, alors qu’en cas de litige 85% des anciens titres dépendaient de la législation grecque, l’entièreté des nouveaux titres dépendra de la justice de Londres. L’objectif des créanciers est de limiter la possibilité de la Grèce de décréter un défaut de paiement ou une annulation.
Le CADTM veut poser la question de la lourde responsabilité des créanciers privés dans l’endettement de la Grèce où ils ont pu réaliser d’énormes profits avant de pousser la Grèce vers la grave crise qu’elle connaît. Nous voulons aussi affirmer que les prêts de la Troïka à la Grèce octroyés depuis mai 2010 sont odieux, car ils constituent une violation permanente des droits fondamentaux. Le CADTM appelle à multiplier les actions de solidarité avec le peuple grec et à constituer un large front social européen contre les politiques d’austérité.
L’équipe du CADTM France