Guerre au Mali

Et c’est reparti pour une guerre juste !
Revoici à l’honneur sur tous les plateaux les militaires et leurs experts, l’armée dont le rôle progressiste est bien connu…
Et revoici les Rafale de Dassault photographiés sous leur plus beau profil, les ailes chargées de « bombes de 250 kg », filmés avec une empathie agressive et avec les allusions phalliques les plus obscènes…
Et encore les sondages dont personne ne vérifiera la pertinence (« 67% des français approuvent la guerre au Mali »). Cette proportion se retrouve-t-elle autour de nous ?

Puis voici les communiqués tronqués, et les inepties mensongères mille fois répétées (« … jusqu’à ce que l’armée malienne prenne le relais »… au Viet Nâm déjà, en Afghanistan déjà…)
Voici les « frappes chirurgicales », les « interventions » dont nous ne connaîtrons jamais les effets : combien de morts par effets collatéraux, combien d’habitations détruites, de familles éparpillées, d’exilés ? Quels effets secondaires ignorés ou minimisés, comme ceux que l’on découvre maintenant à la guerre en Lybie ? Quel coût, et qui l’assumera ?

Voir à ce sujet l’article de Médiapart du 1° février

Enfin, dans la réalité nationale française, voici comme dans toute guerre la « démocratie » qui recule, les représentations nationales ignorées, l’information muselée « dans l’intérêt de la nation » quand elle n’est pas complice. Et voici enfin la quasi totalité des partis politiques réunis pour approuver la guerre, le retour de l’union sacrée, comme aux plus beaux temps. Obligatoire, bien sûr, puisque « nos soldats sont au combat ». Georges Bush utilisait déjà les mêmes arguments en Irak et en Afghanistan. Aux Malouines, Mme Thatcher avait elle aussi su faire jouer ce ressort vieux comme les civilisations occidentales et peut être plus. Aujourd’hui, c’est notre Président normal qui parade au Mali en chef des armées triomphant.

Alors, bien sûr il y a les extrémistes musulmans, peut-être les terroristes, les coupeurs de mains et les violeurs de femmes. Et certainement il y a bien une offensive condamnable qu’il faudrait pouvoir arrêter.
Mais en choisissant la guerre, en la soutenant, ce sont toutes ces horreurs que l’on accepte et cautionne, et la beauté des Rafale ne change rien à l’affaire. Et puis, il reste à comprendre si vraiment la France est la nation la plus courageuse, la plus clairvoyante, la seule capable de défendre les libertés en Afrique de l’Ouest, ou si ce sont bien les intérêts propres de sa classe dirigeante et de ses hommes politiques qui motivent cette action, le reste n’étant qu’alibis grossiers.

Il faut lire à ce sujet l’article d’Hélène Claudot-Hawad , qui montre mieux la complexité du problème, l’inscrit dans la « Stratégie du choc », et dont aucun des arguments n’est jamais mentionné par les média. (Le Grand Soir)

Lire aussi l’édito du Parti de Gauche consacré au Mali