Edito juin 2011

Facebook : Apéro géant à Madrid

Les mouvements espagnols, après les "révolutions arabes", soulèvent des questions de fond, tant au plan de l’analyse politique, qu’aux plans stratégique et tactique des luttes proprement dites.
Méfions nous alors de trop céder à la sympathie que nous ressentons.

Le mouvement des "indignados" a porté sur le devant de la scène la question des formes démocratiques dont nous sentons qu’elle est essentielle à l’avenir d’un nouveau monde possible. Indiscutablement, ces rassemblement ont fait apparaître la volonté d’inventer une nouvelle démocratie, directe et participative ; ils ont aussi montré, semble-t-il une capacité surprenante d’auto organisation. Mais ils n’ont pas fait la preuve encore que ces formes pouvaient aboutir à de vrais changements sur l’un ou l’autre des objectifs visés.

Par ailleurs, au plan politique, ces mouvements ont su faire émerger les questions de fond qui font peser sur les peuples européens les mêmes menaces que naguère sur les pays en développement. Puis ils ont aussi mis en évidence l’exaspération des peuples, et de la jeunesse en particulier, tordant le cou à l’idée répandue de la passivité des nouvelles générations.
Enfin, et cela nous semble essentiel, les indignados ont placé d’emblée la lutte au niveau européen sinon au niveau mondial, et nous appellent pour le mois d’octobre à des actions communes. Ils montrent par là même une conscience réellement politique, susceptible de couper l’herbe sous les pieds de ceux qui pensent pouvoir jouer désormais l’opposition entre les peuples.

Mais ces mouvements ont aussi illustré le rejet de la classe politique dans son ensemble, et l’absolu manque de confiance dans les structures syndicales et politiques... Les manifestations d’Athènes aujourd’hui même le rappellent encore. Il nous reste alors à comprendre, sans y mettre trop de temps, ce qui peut advenir à partir de là...

Malheureusement, au delà des déclarations de solidarité, il faut constater qu’aucune force en Europe n’a su apporter aux indignados une aide concrète permettant de continuer la lutte, de l’étendre, et de remporter des victoires...

Or la bataille contre l’austérité, par d’aucuns nommée : "ajustements structurels", ne se fera pas à fleurets mouchetés ; les armes des pouvoirs en place se nomment : chômage, précarité, privatisations, lois scélérates... Et l’appel à l’indignation, pour trop compter sur l’émotion, trouve peut-être ici ses limites politiques....