En Marche ! lavera-t-il plus vert grâce à Nicolas Hulot ?

Et voilà. Le gouvernement Philippe fraîchement nommé par M. Macron s’est rapidement donné un visage lavé plus vert, cautionné par le nom de Nicolas Hulot, et dans une quasi unanimité médiatique.

Le sieur Hulot, chouchou de la presse dominante et people, auréolé de son « apolitisme » et paré d’intégrité morale, constituait cela a été dit la plus belle « prise de guerre » de M. Macron, dont les convictions écologistes n’avaient pas crevé l’écran lors de la campagne présidentielle.
Le « projet de société » communiqué au président par M. Hulot paraît certes large et éclairé, mais la plupart des points ne constituent pas des engagements. Par ailleurs les arbitrages sont loin d’être rendus et les impasses et contradictions sont nombreuses. Ce sont donc quelques mesures tonitruantes qui ont été principalement commentées. Poursuivant leur campagne apologique en faveur du nouveau président, les grands médias ont donc sans surprise monté en épingle la fracassante déclaration du célèbre globe-trotter ému par la fonte des glaces, et fait leurs grands titres de son point d’orgue : l’avenir radieux et sans particules fines promis en particulier par l’automobile électrique.

Alors, que nous dit réellement ce plan, emblématisé par l’annonce percutante de la mise à mort du moteur à explosion ? Tout simplement que nous n’avons pas d’inquiétudes à avoir, que tout pourra continuer comme avant, une énergie en remplaçant une autre, et une innovation technique supplantant la précédente. Que nous irons toujours faire le courses à l’Hypermarché avec notre auto pour peu que nous soyons raisonnables et achetions une belle machine à carburants modernes. Nous et l’ensemble de la planète bien entendu.
Eh bien non, si préoccupation environnementale il y a en Macronie, alors il lui faut s’attaquer de front aux concepts du capitalisme libéralisé en dénonçant l’impasse de la croissance, du productivisme, de la domestication de la nature, du transport sans coût et de l’innovation salvatrice, et en cessant d’entretenir l’illusion mortifère que cette approche est compatible avec la sauvegarde du seul monde dont nous disposons.

De ce point de vue, il est à craindre que l’épisode Macron – Hulot ne soit qu’une dramatique perte de temps, une parenthèse d’illusions où l’on aura laissé échapper l’occasion de prendre à bras le corps le problème.
Et de fait, la réticence de Nicolas Hulot à réellement prendre en compte la dimension politique de la question écologique – probablement la condition première de sa « Macron-compatibilité » - ne permettait pas une réelle mise en cause des choix de société du capitalisme libéralisé.
Le plus grave étant qu’en acceptant le casting proposé par l’olympien chef de l’Etat, M Hulot s’est résigné par le fait à en accepter le « pragmatisme », à faire siennes ses contraintes économiques, politiques et communicationnelles. Sa participation vaut donc aux décisions gouvernementales le label vert garanti par sa célébrité sans tâche, et est de nature à affaiblir les réticences qui pourront être manifestées par d’autres esprits. Le Grand Jaurès ne s’y était pas trompé, qui préféra aux attraits du pouvoir sa liberté de parole et de ton, demeurant ainsi une conscience sans prix.

NB  : Selon le Conseil Scientifique d’Attac : « Le plan climat présenté ce jeudi 6 juillet par Nicolas Hulot ne permet pas de mettre fin aux tergiversations de l’exécutif français depuis la COP 21 : les chantiers annoncés sont nombreux mais les mesures concrètes insuffisantes. Il fait l’impasse sur une série de points durs : la taxe sur les transactions financières, les accords de libéralisation du commerce et de l’investissement ou encore la primeur qui doit être donnée aux engagements climatiques sur les politiques de compétitivité économique. La focalisation sur la neutralité carbone en 2050 ouvre la porte à des options technologiques inappropriées et dangereuses et à la généralisation d’inefficaces et défaillants marché carbone. »

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