Violence des travailleurs et luttes sociales : Ce que disait Jaurès

Ce que disait Jaurès

Les annonces provocatrices de la direction d’Air France ont fait éclater la colère des salariés. Les organisations syndicales ont fait le maximum pour éviter et limiter les violences (*) . Pour nous, socialistes, il ne s’agit ni de condamner, ni d’approuver, mais de comprendre. Il suffit pour cela de relire ce que disait Jean Jaurès dans son discours devant la Chambre des députés lors de la séance du 19 juin 1906 :

« Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclats de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. […] Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité. »

Malheureusement, Manuel Valls traite les salariés de « voyous » et prend fait et cause pour la direction d’Air France. Il est vrai qu’il se réfère plus souvent à Clémenceau, le briseur de grèves, qu’à Jaurès…

Ce qui vient de se produire à Air France est révélateur des tensions qui travaillent le pays. Le salariat paie les politiques d’austérité : salaires bloqués, licenciements, chômage… Sans possibilité de s’exprimer sur le plan politique, étant donné les désillusions provoquées par les promesses non-tenues et l’orientation « pro-business » du gouvernement Valls, la colère cherche à se frayer un chemin. Organisations syndicales et partis politiques de gauche se doivent de fournir une perspective, sinon ce sera la droite ou l’extrême droite qui tirera profit d’une telle situation… et imposera une austérité renforcée.

Une réponse de gauche nécessite un budget 2016 attentif aux exigences de justice sociale et donc porteur d’une relance de l’investissement et de la consommation populaire. Une réponse de gauche, ce serait le départ d’Emmanuel Macron (**) , ministre emblématique de cette politique économique néolibérale qui enfonce notre pays et l’Europe entière dans la stagnation et le chômage de masse. C’est tout le sens du combat que nous menons et que nous proposons à toute la gauche de mener ensemble !

(*) Voir l’article du blog de Gérard Filoche « Chemises et vies déchirées »


Publié ce jour dans La Lettre de Démocratie & Socialisme